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La Semaine Littéraire, à propos de Marcel Proust - À la Recherche du temps Perdu.- Du Côté de Chez Swann, Gaston de Pawlowski

La Semaine Littéraire

à propos de Marcel Proust - À la Recherche du temps Perdu.- Du Côté de Chez Swann, un volume à 3fr. Grasset, éditeur Comœdia du dimanche 11 janvier 1914 page 3 par G. de Pawlowski

Voilà cerainement un des livres les plus importants de l'année par le travail d'écrivain qu'il représente, par la façon dont il matérialise d'une façon saisissante tendances philosophiques du la littérature contemporaine.

Que nous voilà loin de la psychologie rudimentaire et toute descriptive des romanciers qui firent la joie de notre adolescence! Les méthodes se sont précisées, les recherches sont devenues minutieuses ; c'est de la bactériologie psychologique révélée par la microscope, ce n'est plus de la psychologie mondaine, découverte à l'aide d'un monocle.

Le précepte antique « tout est dans tout » semble servir de point de départ à cette méthode nouvelle. L'auteur, un beau jour, mange par hasard un peu de madeleine trempée dans du thé et c'en est assez pour réveiller tous ses souveniers d'enfance, pour évoquer ces fântomes du passé que l'on croit disparus, mais qui restent vivants au-dedans de nous. L'âme est un merveilleux médium. Dès que la psychologie sait la mettre en état d'hypnose, le passé se transforme en présent, se trouve vivant à l'intérieur de nous-mêmes. il [sic] ne s'agit donc plus seulement, comme le voulait une annonce populaire, de s'enfoncer un clou dans la tête pour se souvenir, il ne s'agit même plus de recommencer cent fois la construction grammaticale d'une phrase et de décliner le même mot dans tous les sens, comme le veut M. Péguy, c'est mieux que cela ; une toute petite idée, une sensation qui va servir de point de départ à tout un monde de réflexions, un peu, nous dit l'auteur, comme ces petites fleurs japonaises refermées que l'on jette sur l'eau et qui s'épanouissent merveilleusement. En grignotant un peu de madelaine au tilleu, l'auteur évoquera ses moindres impressions d'enfant ; et ce seront, au hasard, de Jules Renard. Voici que se précisera le pays natal, Combray, la maison familiale, habitée d'abord par une vieille tante, qui représente le type de la provinciale dont la vie se trouve remplie de détails insignifiants qui interprète les mondres gestes, médite sur ses songes ; puis, ce sont des recettes de cuisine, des médicaments, de l'eau de Vichy qu'il faut prendre pour la digestion, puis, de la pepsine, indispensable pour faire passer l'eau de Vichy. Voici maintenant la famille qui hérite de la tante OCtave et qui vient s'installer à Combray ; elle est nombreuse ; ce sont de grands parents, des parents et l'enfant, qui plus tard recontera ses souvenirs. Cette petite ville a laissé à l'auteur des impressions si profondes qu'il nous la décrit dans ses moindres détails ; certaines fleurs, les aubépines, ne lui paruent jamais les mêmes ailleurs qu'à Combray. Mais il y a avait surtout deux routes, partageant les promenades possible, celle de Méséglise, qui passit du côté de chez Swann et celle de Guermantes qui conduisait au Château des ducs du même nom.

(...) En suivant le procédé bergsonien de M. Marcel Proust, on risque fort de nous présenter une exacte photographie du chaos de la vie ; ce peut même être une microphotographie. Mais l'œuvre, si intéressante fût-elle au point de vue scientifique, demeurait sans valeur artistique sans un choix raisonné de l'auteur. M. Marcel Proust, inconsciemment, a bien souvent fait ce choix, car il est artiste.

(...)

Ceci posé, il me semble cependant que la méthode psychologique de l'auteur s'inspire dangereusement des théories bergsoniennes qui, séduisantes au premier abord en philosophie pour leur côté paradoxal et, tout en même temps, pour leurs vérités profondes, demeurent dangerueses lorsqu'il s'agit d'en tirer des conclusions esthétiques.

(...)

L'auteur s'emparant des théories bergsoniennes n'a donc point le droit de concevoir une œuvre d'ensemble, s'il veut être véritablement sincère. Il ne peut que noter, au fur et à mesure qu'elles se présentent à son esprit, les réminiscences, les impressions, les sensations toujours actuelles qui se succèdent dans son cerveau. En écrivant la première ligne d'un roman, l'auteur, logiquement, doit ignorer la conclusion. Il n'est pas libre de reconstituer arbitrairement une succession d'événements dans le temps.

(...)